Après le pontificat du pape François, il n’y aura ‘pas de volte-face’. Telle est la substance du livre-manifeste « Cinque domande che agitano la Chieasa » (1) écrit par le vaticaniste italien Ignazio Ingrao (RAI), présenté ces jours-ci à Rome en présence du secrétaire d’Etat et d’un parterre « distingué » incluant plusieurs cardinaux. Le livre apparaît comme le coup d’envoi de la campagne électorale en vue du prochain conclave. Pour rassurer les progressistes qui redoutent la perspective d’un véritable pontificat de réparation mais qui sont un peu effrayés quand même par les dernières audaces de François, le cardinal Parolin apparaît comme une sorte de Canada Dry. Un succédané « soft ». Compte-rendu de Giuseppe Nardi.

(1) (…)
La cinquième question posée dans le livre est la suivante : Qu’adviendra-t-il des réformes entreprises par François ?
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Les quatre autres questions du livre sont les suivantes :

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. À qui l’Église parle-t-elle aujourd’hui ?

. Comment l’Église peut-elle répondre au déclin de la pratique religieuse?

. L’ouverture aux laïcs et aux femmes est-elle réelle ou n’est-elle qu’une façade ?

. Comment l’Église peut-elle parler aux gens d’aujourd’hui de l’égalité des sexes, du début de la vie et de la fin de la vie ?


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https://nsae.fr/2024/04/29/haut-place-au-vatican-le-cardinal-parolin-affirme-que-les-reformes-du-pape-francois-se-poursuivront/

Bergoglio sans Bergoglio – Le cardinal Parolin se met en position pour le conclave

CAMPAGNE ÉLECTORALE EN POURPRE

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2024/04/
29 avril 2024

Kardinalstaatssekretär Pietro Parolin mit dem Vatikanisten Ignazio Ingrao bei dessen Buchvorstellung
Le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin avec le vaticaniste Ignazio Ingrao lors de la présentation de son livre

Le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin est en campagne électorale pour le prochain conclave et le fait savoir plus clairement que jamais.

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Le mercredi 24 avril dernier, le vaticaniste de la RAI Ignazio Ingrao a présenté son nouveau livre « Cinq questions qui agitent l’Église » dans l’ancien Collegio Romano, le collège jésuite supprimé par l’État italien en 1870 et siège du ministère italien de la Culture depuis 1975.

Plusieurs cardinaux, tous issus du cercle des diplomates du Vatican, ainsi que d’autres hauts prélats du Vatican ont participé à cette présentation très fréquentée. Giovanni Battista Re, désormais âgé de 90 ans et cardinal doyen du Collège cardinalice depuis 2020, était assis au premier rang, tandis que le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, 69 ans, était assis à la tribune. Le cardinal Re a été l’un des soutiens influents de l’élection du pape François.

En marge de l’événement, Hernan Sergio Mora, d’Omnes, un média en ligne proche de l’Opus Dei, s’est entretenu avec le diplomate en chef du Saint-Siège et a rapporté les propos de ce dernier :

‘Ce qui est le plus beau dans ce livre, c’est qu’il met sur la table les grandes questions que nous portons tous, mais sur les réponses…’ (il a juste un peu secoué la tête, comme pour dire qu’elles le convainquent moins).

D’autres déclarations du cardinal secrétaire d’État, faites dans ce contexte, ont fait plus de bruit et ont été reprises par de nombreux médias catholiques du monde entier, y compris par VaticanNews, la plateforme d’information du Saint-Siège. Alors que d’autres rédactions [en d’autres langues] de VaticanNews ont publié des comptes-rendus plus détaillés (également ici), la rédaction allemande s’est limitée à un résumé qui en restitue néanmoins l’essence et en fait apparaître clairement l’intention. Voici le texte intégral du rapport allemand :

Après le pontificat du pape François, il n’y aura « pas de volte-face ». Ce sont les mots du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, mercredi soir lors de la présentation d’un livre à Rome.

Le plus proche collaborateur du pape a répondu à la question d’un journaliste sur ce qu’il adviendrait plus tard des réformes initiées par le pape. « Avec de la patience, de la prière et du discernement, les dirigeants de l’Eglise pourront compter sur l’assistance de l’Esprit Saint dans leurs décisions, y compris après le pontificat argentin. C’est précisément parce qu’il s’agit de l’action de l’Esprit qu’il ne peut y avoir de revirement », a affirmé Parolin.
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Ecclesia semper reformanda »

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Le chef de la diplomatie du Saint-Siège, originaire du nord de l’Italie, a fait sienne la formule ‘Ecclesia semper reformanda’, c’est-à-dire que l’Eglise doit toujours être réformée, ‘ramenée à sa juste forme’. « Les difficultés qui surgissent sur le chemin ne doivent pas ‘être lues seulement comme un danger, mais aussi comme une chance »; cela fait « partie de la sage pédagogie de Dieu, par laquelle il nous éduque, nous fait mûrir et progresser ».

La déclaration de Parolin – et la couverture médiatique qui s’en est suivie – s’est concentrée sur la « volte-face » qui a été exclue. A l’inverse, l’ « irréversibilité » du pontificat bergoglien – dont François et sa cour ont parlé à plusieurs reprises – signifie que ce pontificat et ses innovations doivent être protégés par quelqu’un qui en garantisse la pérennité. Le cardinal secrétaire d’État lui-même n’a pas prononcé le mot « irréversible » ce jour-là, car cela n’était pas nécessaire. Ignazio Ingrao l’avait déjà fait, en présentant la pérennité des « processus irréversibles » lancés par François comme le leitmotiv de la réflexion sur l’avenir de l’Église.

Le cardinal Parolin a pu se limiter à un signal apparemment mineur, en laissant entendre qu’il était l’homme qui excluait un « revirement », c’est-à-dire qui garantissait l’ « irréversibilité » souhaitée.

Le secrétaire d’État a ainsi également indiqué ce qui est considéré comme souhaité dans les hautes sphères curiales (et qui devrait le savoir mieux que lui? ): une ère « Bergoglio sans Bergoglio », peut-être un peu plus modérée, mais sans retour en arrière. Et c’est exactement ainsi que cela a été compris, comme le montre la diffusion rapide et massive des déclarations de Parolin le mercredi et qui permet de constater que l’on travaille sur le style de campagne.

Loup Besmond de Senneville, le vaticaniste de La Croixa écrit samedi dernier :

Beaucoup considèrent ce diplomate de carrière comme un homme calme, apte à faire baisser la pression sur l’Eglise après un pontificat marqué par les réformes. Des pronostics que François, qui dit régulièrement qu’il n’a pas l’intention de démissionner de son poste, connaît bien. « Parolin fait un peu campagne électorale et le pape le sait », commente en souriant un cardinal proche de François. « Parfois, il fait de petites remarques en public pour le faire savoir ».

La campagne électorale est lancée depuis un moment et le cardinal Parolin est déjà monté sur le ring, avec une annonce précise.

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